L’ACTIVITÉ ALLIMAND PAR FRANCK RETTMEYER
1ère partie : La Porsche SUPERCUP à Monaco
Quand et comment avez-vous rencontré Kevin ESTRE ? Depuis combien de temps sponsorisez-vous des courses automobiles ? Qu’incarne pour vous Kevin ESTRE du haut de ses 23 ans… ?
Franck RETTMEYER, Président d’ALLIMAND : J’ai rencontré Kevin ESTRE dans le cadre de mon intérêt pour le sport automobile au bord d’un circuit, il y a 5 ans. Depuis 8 ans, ALLIMAND ne sponsorise que des jeunes pilotes, en vue de les aider à démarrer dans leur carrière. Nous avons eu un pilote talentueux, Laurent GROUPI, Champion de France formule Renault 2.0, qui a remporté la Porsche Cup française il y a 2 ans. Nous avons abandonné, car il se limitait à des courses sur le sol français et le potentiel de Kevin ESTRE nous a paru intéressant. Kevin ESTRE est un garçon rapide, volontaire, bagarreur mais droit…. Et c’est la raison pour laquelle nous avons été attirés, par ce garçon.
Quelle analogie faites-vous entre la course automobile et l’Entreprise… ?
La course est un engagement, comme au niveau professionnel ; ensuite, une prise de risque : lorsqu’on fait des affaires, on prend des risques, même si on fait tout pour qu’ils soient contrôlés… Enfin le challenge : la compétition automobile et le monde industriel se rejoignent puisque, pour les 2 disciplines, la réussite annuelle est l’objectif.
Pourquoi soutenez-vous Kevin ESTRE ? Quel est l’intérêt pour ALLIMAND d’être sponsor ? Quel est le ROI pour ALLIMAND ? Quel est votre budget sponsoring chez ALLIMAND ? Sponsorisez-vous d’autres activités autour de vous ?
L’intérêt est d’aider un jeuner à accomplir sa passion. L’intérêt réel pour la Société ensuite, est de relever le défi. Enfin, être associé à la Porsche SUPERCUP a du sens, en termes de renommée et d’excellence. Car c’est l’homme qui nous intéresse. L’automobile est un moyen, l’homme en est le maitre. C’est ce qui nous plait.
En quoi ce classement est-il encourageant ?
La Porsche SUPERCUP est une discipline européenne à laquelle participent des pilotes confirmés ou promoteurs. Terminer 2ème à Monaco, c’est quasiment la porte à la consécration !
Avez-vous d’autres projets à venir de sponsoring… ?
A ce jour, nous restons avec Kevin ESTRE, que nous essaierons d’accompagner le plus loin possible, tout en restant dans une enveloppe financière raisonnable. Notre objectif est de faire partager à nos clients à notre personnel, nos partenaires une belle course de Porsche SUPERCUP avec comme motivation, le succès de Kevin ESTRE.
Et l’année prochaine… Espérez-vous être dans « la cour des grands » avec le GRAND PRIX de MONACO ?
Pour Kevin ESTRE et ALLIMAND, ce sera réservé à la Porsche SUPERCUP ou son équivalent. Notre désir est qu’il gagne Monaco et d’autres grand prix en lever de rideau en course de Formule 1 et surtout que Kévin accomplisse ses rêves de sportif de haut niveau.
2ème partie : ALLIMAND / Résultats 2011 / Prévisionnel 2012
Depuis une trentaine d’années, on constate que malgré la flambée des dépenses publiques, des déficits et de la dette, la croissance en France est de plus en plus faible (1.2 % par an depuis 10 ans), le chômage ne cesse de progresser, la pauvreté augmente et les inégalités s’accroissent.
Depuis 2009, la France ne parvient pas à générer une croissance suffisamment forte, ne serait-ce que pour assurer le paiement des intérêts de la dette publique ; la baisse du PIB hexagonal aggrave la situation. Alors que la croissance mondiale se stabilise autour des 3,5 % tant en 2011 qu’en 2012, l’Europe plonge en pleine récession….Comment ALLIMAND se positionne par rapport à l’Europe ?
2011 a été une année de fortes prises de commandes, avec 5 machines à papier, dont 2 seront livrées en 2013. Ces machines sont destinées soit à l’Europe, soit à l’Asie du Sud Est (Indonésie / Chine). C’est une belle prise de commandes, confortée par des commandes de reconstruction de machines existantes en France, Thaïlande, Arabie Saoudite, Inde, Japon.
Le chiffre d’affaires réalisé en 2013 est très important, puisqu’il devrait être compris entre 70 à 80 millions d’euros. C’est une belle performance industrielle ! Notre carnet de commandes est lissé, bien entendu. Nos ateliers tournent à plein, avec une activité en 3 /8 actuellement pour certaines de nos machines-outils.
Aout 2011 a marqué un nouveau tournant avec la crise. Dans un contexte estival de faibles volumes d’échanges sur les marchés boursiers internationaux, et après avoir été déjà largement alimentée par la crise grecque, la note de la dette publique américaine est dégradée de AAA à AA+. Aussitôt la spéculation s’emballe et les rumeurs les plus folles courent durant l’été 2011. Les cours s’effondrent dans des proportions démesurées…. C’est la crise budgétaire. Et ALLIMAND dans tout cela…. ?
Pour ALLIMAND, la crise budgétaire évidemment impacte le quotidien de chacun par une pression fiscale à terme qui sera plus importante, par un comportement des politiques parfois très décalées au regard d’un fait incontournable : la mondialisation. ALLIMAND a la particularité d’intervenir sur un marché mondial qui lui permet de compenser une baisse des investissements en Europe par des zones où l’investissement à ce jour est toujours porteur : Asie mais… pas que … !
L’Année 2012 a commencé comme 2011 s’est terminée, dans le brouillard et la démagogie. Les débats sur la TVA sociale ainsi que la perte du triple A de la France ont annoncé la couleur. De nombreuses cartes de vœux ont été rédigées sous le sceau du triple A : Argent, Audace, Aventure… etc…. Et vous, comment avez-vous présenté vos vœux ?
Si vous voulez, 2012, c’est une année de plein emploi avec une bonne partie de 2013 déjà chargée. Dans ce contexte, nous avons plutôt abordé l’année avec optimisme bien que très attentifs à l’évolution des carnets de commandes de nos clients. Ces derniers se sont fortement dégradés depuis quelques mois, impactés par le manque de croissance, l’effondrement du marché automobile pour certains pays européens et tout particulièrement en France, la baisse de la consommation qui résulte de l’augmentation planifiée de la pression fiscale et de l’augmentation du chômage.
Notre carnet de commandes est plein jusqu’à mi-2013, ce qui est satisfaisant, mais nous sommes inquiets par le manque de charge de certains papetiers. Les augmentations du prix des vieux papiers sont devenues non absorbables par des papetiers français, voire européens. Enfin, politiquement parlant, nos dirigeants n’inscrivent pas leur stratégie dans une concurrence mondiale et rêvent toujours d’une dominance du monde occidental par rapport au reste du monde…. ! Ce qui n’est plus vrai aujourd’hui.
La récession est déjà en train de faire son grand retour dans la quasi-totalité des pays de la zone euro, ce qui devrait se traduire par une augmentation du PIB d’au mieux 0,5 % en 2012. Les changements de gouvernements en Grèce, en Italie et en Espagne n’ont eu que peu d’effets sur les taux d’intérêts des obligations d’Etats des pays concernés. Parallèlement, les marchés boursiers continuent à déprimer, entretenant un autre cercle pernicieux, à savoir, baisse des cours, désinvestissement –récession. Avec la frilosité bancaire actuelle, avez-vous chez ALLIMAND réalisé des investissements… ?
Nous sommes soutenus par notre pool bancaire et nous ne connaissons pas de pression des banques vis-à-vis de notre Société. En 2012, nous investissons 2 Millions d’euros dans nos moyens de productions, de gestion et l’ouverture de différents bureaux de par le monde. De plus, nous avons investi dans une machine pilote « fibres longues », installée aux Etats Unis, à 1 h de New York, afin de développer nos produits et offrir une base d’essais à nos clients des papiers spéciaux.
Comment vos clients étrangers perçoivent-ils la France et plus particulièrement, les industriels français comme vous ?
La France, on n’en parle plus depuis longtemps ! L’époque de l’Empire est révolue et nous évoluons sur un marché mondial ultra concurrentiel, où nos clients étrangers attendent de recevoir de la technologie, des produits nouveaux, afin de répondre à leurs différents marchés.
Sur quelles zones géographiques avez-vous constaté la plus forte progression de votre chiffre d’affaires ?
Sans discuter l’Asie, avec une tête de pont, que représente la Chine, toujours importante.
La flambée des matières premières pèse sur le pouvoir d’achat des pays importateurs et peut obliger les entreprises, les ménages ou les gouvernements à rationner leur consommation, et donc à réduire la demande. Cette flambée des matières premières depuis mi 2010 a-t-elle affecté vos coûts de production ?
C’est un vrai sujet. Les matières premières sont assises sur des prix élevés et ne baissent pas. Ce constat date de plusieurs années, puisque nous sommes aujourd’hui au même niveau que 2008, c’est-à-dire avant la crise financière de 2009. Cependant, nous nous réjouissons de la baisse de l’euro, qui renforce la compétitivité de nos produits sur les zones asiatiques ou américaines.
3ème partie : ALLIMAND / IMPLANTATIONS en Espagne et aux ETATS UNIS
Vous ouvrez prochainement un bureau en Espagne à San Sebastian… Pourquoi ?
L’intérêt est de découvrir le marché hispanique principalement, mais aussi le marché de l’Amérique latine. D’ailleurs, nous avons pris une commande d’une nouvelle machine « fibres longues » en Espagne pour le groupe «Miquel y Costas, dont la mise en service est prévue au dernier quadrimestre 2012.
Etats Unis : ALLIMAND vient de s’implanter sur le Continent Américain avec un nouveau pilote, dans l’Etat de New York, à Albanie. Vous avez donc ouvert une nouvelle entité ALLIMAND. Depuis quand étiez-vous sur le projet ? Que représente pour vous cette nouvelle étape ? Quel en est l’intérêt pour vos clients ? Et tout d’abord, qu’est-ce qu’un pilote ?
Une « machine pilote » est une machine qui permet de faire des tests donc de produire des papiers à l’échelle 1 en continu et d’avoir une idée précise des caractéristiques qui seront obtenues à une échelle industrielle.
Cet investissement est une opportunité, conjuguée à un rapprochement auprès de nos clients de cette zone.
Le projet date de 2009. Nous l’avions alors imaginé, avec la récession à laquelle nous étions confrontés mais pas seulement. Nous étions confrontés au développement des médias électroniques, qui commençaient à impacter significativement nos clients producteurs de papiers magazines, impression écriture, appelées plus communément « le Blanc ». A cette baisse annoncée de consommation de papier blanc, il nous fallait trouver un relais de croissance. Nous nous sommes tournés vers les papiers techniques, où ALLIMAND est reconnu et nous nous sommes intéressés au marché des papiers « fibres longues ». Ce sont des papiers très créatifs, à très haute valeur ajoutée, pour l’alimentaire le médical, la construction… et qui aujourd’hui sont demandés en Europe, aux USA.
4ème partie : ALLIMAND / PERSPECTIVES
Après les Etats-Unis, quel autre continent visez-vous ? Et où vous arrêterez-vous ? Vous êtes un des rares équipementiers lourds à être resté indépendant… N’avez-vous pas été un jour sollicités par des investisseurs ?
Une Entreprise comme ALLIMAND, c’est un challenge permanent. Notre volonté est de créer de la valeur, en développant des produits, en suivant le développement de nos clients et en conquérant de nouveaux clients tout en restant libres.
Vous ne cessez d’investir à la fois à l’international, mais aussi pour vos salariés, puisque vous êtes en train de rénover et agrandir les bureaux administratifs du 1er étage du siège social à Rives. ALLIMAND est donc encore une Entreprise où il fait bon vivre… ? Est-on salarié à vie chez ALLIMAND… ?
ALLIMAND n’est pas « une promenade de santé » par son activité et les challenges auxquels elle répond. Salarié à vie certainement pas… ! Une volonté de stabilité et de pérennité sociale… ? Oui, c’est un objectif fragile.
Enfin, vous venez d’être réélu Président du Groupe Papier du SYMOP…. Quelles sont les grandes orientations stratégiques que vous souhaitez donner pour les 2 ans à venir ?
De plusieurs ordres : il s’agit de promouvoir les entreprises françaises fabriquant du matériel de papeterie ou proposant des services. 2ème objectif : celui de la sécurité de nos machines, qui est un objectif partagé par les papetiers français et son association technique ATIP.
Vous êtes à la tête d’une belle PME française de 300 personnes, avec un portefeuille de commandes rempli pour combien de temps… ? plusieurs mois… Plusieurs années… ? Quels conseils donneriez-vous pour réussir aujourd’hui en France ?
Aucun ! La réussite est éphémère et c’est une préoccupation… quotidienne !